L'Histoire de Courceriers


Introduction

Malgré le proverbe qui dit que les pays heureux n'ont pas d'histoire, le moindre point de la terre a la sienne. Bien sûr, toute l'histoire n'est pas écrite et enregistrée dans les archives et les bibliothèques mais, qu'on le veuille ou non nos chaque point de notre planète a sa place dans l' histoire de la Création, dans celle de formation géologique du globe et dans celle de son peuplement par les animaux d'abord, par les humain ensuite.

Courceriers appartient à cette partie de l'ancienne Gaule qui fût habitée dès la période pré-gauloise par les hommes des cavernes dont on trouve des vestiges dans les grottes de Saulges et surtout dans celle de Rei, à St Georges sur Erve et Vimarcé.

En plus des hommes des caverns, plus sédentaires en apparence, y avait-il aussi des tribus nomades vivant de leur chasse et de leurs butins vagabonds dans l'immense forêt qui recouvrait notre Maine et dont les forêts de Sillé, de Pail, de Perseigne et de Bellême, de Multhonne et de Monaie, d'Ecouves et de La Ferté ne sont plue que de minuscules vestiges.

Toutes ces questions ont une réponse se perdant dans la nuit des siécles qui ont précédé notre ère et qui nous amène jusqu'à la Conquète de la Gaule par les Romains. Ce qui est certain, c'est que César n'a pas dû pénétrer dans notre region pour la conquérir sans rencontrer une résistance farouche, ce qui l'a obligé à organiser des défenses militaires un peu partout, en particulier à Courceriers, et cela m'amène à diviser mon petitr travail en six périodes.

1. Le Courceriers Romain.
2. Le Courceriers Mérovingien.
3. Le Courceriers Carolingien de la Féodalité et jusqu'à la Guerre de 100 Ans.
4. Le Courceriers Capétien de la Guerre de 100 Ans aux Guerres de Religion.
5. Le Courceriers de la Renaissance jusqu'à nos jours.
6. Le Courceriers actuel (au 1967).

Le tout, évidemment ne sera qu’un bref résumé à la mesure de ma érudition mais qu’il m’est agréable cependant d'écrire parce que l'histoirs locale a toujours été ma marotte qu'il m'est agréable d'en faire profiter ceux qu'elle intéresser.


1. Courceriers Romain

De quelle manière César fit-il la conquête du Maine? ses chroniques militaires écrites en latin et dont la traduction donne du fil à retordre aux élèves de 3ème annèe en études classiques n'en parlent pas.

Toujours est-il que, la conquête achevée, il s'organisa comme en pays conquis à titre définitif tout en menant de front son Administration civile et politique, économique et militaire.

Des cités principales devinrent les capitales de ces différentes administrations et ces cités étaient reliées les unes aux autres par des voies plus ou moins importantes. Des cartes se rapportant l'époque en indiquent le tracé et la dlrection et un bon nombre de ces voies dont plusieurs étaient pavées, subsistent encore de nos jours transformées en routes ou devenues des chemins (historiques servant souvent de limites à nos communes).

Jublains, en raison de sa situation géographique, fût choisi comme capitale pour la région des Diablaintes et les souvenirs romains pullulent dans son voisinage. Citons au hasard Sainte Suzanne, Le Rubricaire, Crun, Courtalieru au Sud et à l'Ouest, Mayenne au Nord, le Montaigu et Courceriers à l’Est.

C'est dans cette direction Est que passe la voie de Jublains à Chartres. Elle quitte Jublains pour passer successivement dans le bois de Tay, à Hambers, à Bais, à Saint Martin de Trans à Voisins également en Trans. Elle sert de limite Nord à' St Thomas sous le nom de Chemin de Vaux de Crou, pour devenir la route de St Mars à partir de la Croix Lambert, à la sortie du bourg et pour continuer sa course vers Chartres par St Georges le Gautier, Fresnay, Nogent le Rotrou.

Cette voie fût construite par l’armée romaine vrai-semblablement dès le debut de l'occupation pour devenir avant tout une artère militaire principale.

Son tracé correspond à cent pour cent à la tactique militaire de César. Pour éviter les embuscades de la part des tribus mal soumises, avides de "Résistance” de “Revanche” et de “Libération du territoire”, les troupes d’occupation se devaient de “tenir les crêtes”. La surveillance sur deux versants garantissait contre les surprises et donnait l’avantage immédiat dans tout combat éventuel.

Mais pour permettre aux troupes de circuler rapidement à la mesure des besoins, il ne suffisait pas de tenir de les crêtes en assurant sa propre sécurité. Il fallait aussi assurer la sécurité du parcours en le jalonnant par des postes d'éclaireurs susceptibles de donner l'alerte et par des points de halte où les troupes en mouvement seraient en sécurité. Courceriers est un de ces points stratégiques en bordure de voie de Chartres.

A deux kilomètres au Sud les crêtes d'Orthe marquaient la fin de la forêt de Sillé dont César pouvait garder des souvenirs militaires cruels. Dans cette partie Sud, il fallait éviter les attaques mancelles la où la Vandelle qui n'a que deux mètres de large ne constitue aucune défense naturelle. C’est alors que les Romains décidèrent de fortifier la vallée dans deux sens.

D’une part, on entreprit de barrer la vallée de la Vandelle entre les fermes actuelles du Perron et de la Mériazière. Ce barrage qui existe toujours et qui n'est coupé que par la route actuelle, inondait la vallée depuis le Perron jusqu'à la Touche et l'étang ainsi constitué formait une défense aquatique de deux kilomètres de long sur 200 metres large en moyenne.

Evidemment, il fallait occuper militairement ce point de défense et ce fut certainement l'origine du premier Courceriers sous les ordres et la responsabilité de César luimeme comme le nom l'indique: “Curia Coesaris”, “Curie de César “, “lieu pris en charge et aménagé par les soins personnels de César”.

Quelle était à l'époque, l'importance de la troupe romaine dans ce point stratégique? - de quoi se composait sa garnison? les soldats vivaient-ils sous la tente ou dans un fort? César y eut-il, de son vivant, une villa personnels? Autant de questions qui rest et sans réponses. Ce qui est certain c'est que, pendant les quatre siècles dé l'occupation romaine Courceriers est demeuré un poste militaire strategique que la garnison a fortifié de tous côtés. En plus de l'étang dont nous venons de parler et qui défendait le Sud, plusieurs autres barrages superposés barraient la vallée Est : l'allée de Roineau en franchit un à son origine et un autre existe encore dans l'herbage de Roineau à proximité de la ferme de la Barre (et pourquoi ne pas voir un rapprochement entre ce barrage et le nom meme de "la Barre"). Enfin, à l'Est, le taillis appelé le Traquenard evoque par son nom un lieu de défense, de riposte et de mise en déroute.

C'est de cette époque que date aussi le petit pont à trois arches qui franchit la Vandelle au Perron, tout ce suite après sa sortie de l'étang et tout le monde dans la paroisse, connait le "Pont romain".

Ainsi, de toutes parts, au Sud, à l'Est et à l'Ouest, Courceriers était fortifié et défendu. De la voie militaire qui passait à moins de 1.000 mètres au Nord, les troupes pouvaient aborder, pour faire halte ou séjourner. A proximité était Montméard (en Courcité), autre lieu romain militaire mais plus pacifique sans doute, puisque c'est là que se trouvait, au Mont Mars, le temple de Mars, dieu de la guerre. La chapelle qui s’y est bâtie en est le souvenir christianisé.

Quatre siècles passèrent ainsi sous l'occupation romaine avec César et ses successeurs, avec les avantages et les inconvénients de l'occupation, avec la civilisation romaine de l'époque que les indigènes adoptèrent ou subirent, avec
l'organisation économique comparable à celle que nous avons implantée dans nos anciennes Colonies.

Et puis, survint le temps où les circonstances politiques et militaires amenèrent les Romains à quitter la Gaule pour rentrer en Italie, comme nous sommes rentrés en France en quittant nos Colonies "pour le meilleur ou pour le pire".


2. Periode Merovingienne (Du départ des Romains à Charlemagne)

Après l'occupation romaine qui dura environ quatre siècles nous arrivons à la période dite "de la décadence" et qui va être d'égale durée environ.

Semblables aux peuples décolonisés du 20ème Siècle, les Gaulois, heureux de ne plus subir l'occupation des Romains prirent plaisir à détruire ce qui évoquait leur civilisation. Les monuments ne furent plus entretenus et tombèrent en ruins d'autres furent démolis pour finir en matière première à bon compte, on dépava même des voies pour ne pas ouvrir de carrières.

L'autorité des préfets romains fut remplacée par celle des chefs des tribus qui s'étaient reconstituées et qui se faisaient souvent la guerre. Les Seigneurs, chefs de ces tribus semi-indépendantes, exerçaient une autorité quasi absolue sur les territoires dont ils se disaient maitres, mais les luttes qu'ils se livraient les uns aux autres les obligeaient à maintenir ou à constituer en plus petit les ouvrages militaires laissés par les Romains.

Quel fut le sort de Courceriers pendant ces quatre siècles, l'histoire n'en parle pas et cette “periode de la Décadence" dura jusqu’à l'avènement de Charlemagne qui rétablit l'unité Française. En constituant la Féodalité hiérarchisée il donnait à chaque seigneur un pouvoir local et une responsabilité nationale dont l'usage contrôlable à l'échelon supérieur remontait jusqu'au Roi lui-même.


3. Le Courceriers Feodal (De Charlemagne à la fin de la Guerre de 100 ans)

Avec Charlemagne, la France est divisée en Duchés, marquisats, comtés et baronnés, comme elle l'est aujourd'hui en départements, arrondissements, cantons et communes.

Le Baronné de Courceriers qui correspond au territoire paroissial toujours actuel est constitué par la Vallée de la Vandelle sur une longueur de 7 km et une largeur moyenne de 2 km. La limite Sud suit la ligne de partage des eaux entre la Vandelle et l'Orthe.

Le Baron de Courceriers relevait de Mayenne mais sa juridiction s’étendait sur Bais, Champgenéteux et Couptrain.

La seigneurie avait haute, moyenne et basse justice, autrement dit le seigneur pouvait juger ce qui relève actuellement de la Cour d'Assise, des tribunaux de Grande Instance et d’Instance.

Tout château féodal était le siège d'une administration civile et militaire, on y trouvait réuni tout ce qu'on trouve à la mairie, chez le percepteur, à la gendarmerie, au tribunal et à la prison.

C'était aussi et surtout un poste militaire fortifié avec une garnison d'importance déterminée chargée de maintenir l'ordre, d'arrêter les invasions et de fournir en cas de besoin un contingent à l'armée royale.

C'est au château que se réfugiait la population en cas de danger de la part de l’envahisseur d’ou le besoin d'établir des fortifications et de construire des celliers pour le stockage des réservés alimentaires.

Le château féodal de Courceriers n’a jamais eu la prétention de rivaliser avec ceux de Carcassonne, de Fougères, de Mayenne ou de Lassay tout comme une caserne pour une compagnie de gardes mobiles ne cherche pas à rivaliser avec la caserne d'un régiment.

L'ensemble du château féodal ne dépassait pas une surface close de trois à quatre hectares. Bordé par les étangs artificiels d'origine romainè au Sud et à l'Ouest, par le Traquenard à l'Est, son ouverture était au Nord par l'allée et la cour actuelle de Roisneau. La clôture d'eau fût doublée des le début de la féodalité par des fortifications dont les fondations étaient dans l'eau. Les murailles hautes de près de dix mètres sont fortifiées par des tours de guet et de défense qui existent toujours. La route actuelle n'existait pas; son sol était au fond de l'étang. L'accès aux fermes et villages de la rive droite se faisait par le chemin qui part de la "vieille planché" (Route du Bas Aunay) pour se rendre à la Monnerie, la Chevallerie et Beauvais. Pour la rive gauche, on utilisait le chemin du château jusqu'à Roisneau et au-delà par le Pré Barlin et la Mériazière.

Le donjon au château occupait le point central du terrain du château et comportait deux tours: l'une, la tour ronde où se trouvait la prison, l'autre, la tour carrée divisée en plusieurs étages de défense.

Le logement familial du seigneur était un logis qui constitué aujourd’hui les dépendances et qui se prolongeait semble-t-il au Sud jusqu'à proximité des remparts.

Le dictionnaire de l'abbé Angot donne la liste chronologique des seigneurs de Courceriers mais il ne parle pas de vie militaire au jour le jour, à part quelques épisodes se rapportant à la Guerre de Cent Ans et au cours de laquelle le château fut en grande partie détruit.

Si on s'en rapports à Le Corvaisier, Ambroise de Loré qui avait épousé la fille du seigneur de Courceriers se trouvant au château en 1417 aurait tendu une embuscade pour surprendre un capitaine anglais nommé Guillaume de Bours et “l'aurait charge si à propos” qu'il lui aurait tué une partie de ses soldats faisant les autres prisonniers.

Un fait mieux prouvé est la prise de Courceriers, un soir dans la semaine avant l'Ascension 1423 par George Rigmayden qui s'intitule capitaine de Mayenne quoique cette ville ne soit tombée aux pouvoirs des Anglais que deux ans plus tard.

Guillaume de la Chapelle, français transfuge eut l'ordre de partir le lendemain pour rejoindre le Comte d'Arundel vers Alençon.

Des débris d'armes, un boulet même ont été déterrés dans l’emplacement du château et sont conservés.

Ruiné par la Guerre de Cent Ans après sa prise par Georges Rigmayden de l'armée anglaise, il ne subsista du château féodal que les ramparts, des pans de murs, des dépendances et le logement du seigneur, mais surtout les deux tours du donjon. Le reste qualifié chastel et forteresse avec donjon, basse-cour, fuye anciennes murailles, fossés et cloisons fut, dit-on, en 1451 abattu et démoly par les Anglais, vieux ennemis du royaume de France; on a conservé un vaste pan de muraille ayant encore une quinzaine de mètres de hauteur primitivement percé d'une ports à herse et dans laquelle s'ouvre maintenant une grande brèche ou arcade de 10 mètres de hauteur.

En 1575, le château étant détruit, on ne mentionne encore que les anciennes murailles et place du chastel, les dites murailles en partie tombées, les fossés et douves à l'entour, une motte attenant le vieil chastel, le vieil fossé entre deux laquelle motte est ronde et fort belle, enfin, la grande maison seigneuriale (devenue les remises actuelles?) et la chapelle de "Monsieur de St Jean".

Cette chappelle St Jean était, à son origine, moitié plus grande qu’aujourd’hui et c’était normal, car elle devait remplacer l’église paroissiale lorsque la population se réfugiait au château féodal aux jours d’invasion pour se mettre à l’abri et soutenir le siège libérateur.

Lorsqu’un incendie la détruisit vers 1880, elle fût reconstruite moitié moins longue, soit par économie, soit pour suffire aux seuls besoins de la famille et à la dévotion populaire envers St Jean.

L’étang qui est dans l’enclos du château est alimenté par le ruisseau de Courceriers, long de 2080 mètres et affluent de la Vandelle. Il a pu servir comme ligne de défense immédiate au pied du donjon, mais surtout comme réserve d’eau indispensable surtout en cas d’incendie.

La légende prétend qu'en cas de siège, des souterrains permettaient aux assiégés de recevoir des renforts ou de sortir soit à la Rossignolière, au Nord, soit au Châtelier au Sud.

Cette légende est aussi imaginaire que celles des oubliettes que l'on veut voir partout ou il y avait un château, et, nulle part, aucun vestige de ces galeries souterraines n'a été découverte dans le court espace reliant Courceriers à la Rossignolière et au Châtelier.

Ce qui est vrai, c'est que ces deux lieux étaient des postes militaires secondaires, tels des bastions ou des postes d'observation autour d'un fort, (la Rossignolière en bordure de la voie romaine - le Châtelier à proximité des Crètes d’Orthe).

C’est sur cette remarque que se termine la période qui ruina le Courceriers féodal sous l'occupation anglaise pendant la Guerre de Cent Ans après sa prise en 1423.


4. Le Courceriers Capétien (De la Guerre de Cent Ans aux Guerres de Religion)

Après la destruction du château féodal en 1423, à défaut de ministère de la reconstruction et d'indemnités pour dommages de guerre, les seigneurs de Courceriers se contentèrent de restaurer les murs d'enceinte et le logis familial. Nous avons dit plus haut qu'en 1551, 130 ans après le siège destructeur anglais, tout ce qui était ouvrage militaire dans l'enclos fortifié, fût démoli et nivelé, à l'exemption de la tour ronde et de la tour carrée, les seuls vestiges du donjon qui subsistent toujours.

Un siècle et demi passa et il fut influencé par l'époque de la Renaissance artistique.

C'est alors que Monsieur François du Plessis Chatillon, marié en 1570, à Nicole du Raynier entreprit de faire construire un nouveau château en style neo-grec.

Ce corps de logis comporte des ouvertures étagées en moellons de granit appareillés et se terminant dans le toit par des lucarnes à doubles baies et à frontons bas triangulaires.

La pierre fût tirée au bourg au chevet de l’église actuelle, et à l'emplacement même du choeur. C’est la raison pour laquelle en 1872, lors de la construction de l’église, on dût déblayer le sol de la carriére jusqu'au fond et construire trois cryptes qui supportent le choeur et les sacristies.

François du Plessis Chatillon profita peu de son nouveau château puisqu'il mourut d'apoplexie à Courceriers le 30 Juin 1605.

D'autres travaux consécutifs à la démilitarisation de Courceriers ne sont ni signalés ni datés dans les documents que j'ai parcourus. A tout hasard, je les attribue au même François du Plessis Chatillon, désireux de joindre l'utile à l'agréable. Je veux citer surtout

• l’assèchement des étangs du des prairies demeurées partiellement marécageuses et dépendant désormais des fermes du Portail, du Moulin, de la Mériazière et de Roisneau.

• la construction d'une allée longeant le pied des remparts au fond de l'ancien etang et qui aborde à la route de Sillé par la trouée percée dans la digue pour assécher l'étang.

• la construction d'un moulin sur le bord de l'allée, face au château et aux pieds des ramparts, soit pour remplacer le Moulin de Foulage, soit pour le doubler.

• la plantation, tout au long de l'allée, des hêtres dont les anciens se souviennent et dont il ne reste que quelques rares rejetons.

• enfin, l'aménagement d’allées d'agrément, à l'Est au travers du Traquenard et à l'Ouest, le long de l'étang et dans son prolongement.

C'est à ce moment-là aussi qu'il faut placer les Guerres de Religion avec les destructions et pillages qui accompagnent toutes les guerres civiles.

L'église de St Thomas et le château de Courceriers dont les seigneurs portaient le titre de fondateurs de l'église ne furent pas exempts de ces déprédations. On ne signale pas cependant, de destructions spectaculaires, et, la paix revenue, sous le règne de Henri IV, il revenait à chacun de panser ses plaies plus ou moins graves.

Les restaurations à l'église (soit dit en passant) furent l'occasion de construire deux chapelles ouvrant sur le choeur par des arcades en plein cintre de quatre mètres de large et communiquant avec la nef par deux passages en oblique, le tout par besoin d'agrandissement.


5. Courceriers de la Renaissance Jusqu'à Nos Jours

François de Plessis Chatillon qui avait fait bâtir le premier château néo-grec en 1590 et qui mourut en 1605 eût son fils René comme successeur. Il se titrait Baron de Courceriers ayant épousé Renée de Poisieux le 25 Juillet 1590, il mourut en Mai 1629, sans enfants. La seigneurie passe alors à Guillaume du Bois, fils de Nicole du Plessie Chatillon, épousée en 1621, le 11 Mai, et héritière de François, son frère.

C’est Guillaume du Bois qui fit construire, vers 1650, le second château accolé au premier et qui imite son style néo-grec mais en plus soigné avec de décors et de mouvement. Les deux logis étaient relies par une petite tour surmontée d’un clocheton Louis XIII. La construction entièrement en granit, y compris les linteaux de cheminées, les frontons sculptés, et les escaliers tant extérieurs qu’intérieurs.

D’autres bâtiments furent construits et divers aménagements pratiqués à la même époque notamment la ferme du Portail dont la maison est tout en granit frontons.

C’est là, a 500 mètres du Château, que se trouve l’entrée de la cour. Un pavillon servait de portail. Bâti en pièrres de taille soigneusement appareillées, décoré du deux larges frontons cintrés et d’une corniche modillon, il porte la date de 1667. Une autre date se retrouve sur la cheminée de la maison de ferme au chiffre de Guillaume de Bois et de Nicole du Plessis - 1666.

Le portail est couvert et comporte un étage qui servait de colombier. Les couvertures cintrées ont été murées pour faire une cave à la ferme. Primitivement, l’allée du château qui passait sous ce portail se prolongeait en ligne droit vers l’ouest jusqu’à la route du Bas Aunay et, toujours en ligne droit, par la Rabine jusqu’à la route d’Izé qu’elle atteignait à la Chappelle des Rues.

L'allée est devenue la route de St Thomas à St Germain. En la vendant au domaine public, le propriétaire a réservé les hêtres pour les monnayer. L'allée ne passe plus sous le portail mais le contourne et y fait un angle droit pour accéder plus directement au bourg.

L'achèvement du château de Courceriers coincidait avec le “grand siècle de Louis XIV" (Mort de Louis XIII – 1643 derniers travaux datés - 1667). Il n'est pas signalé que les seigneurs de Courceriers soient allée vivre à la Cour, soit à Paris, soit à Versailles.

• André du Bois marié en 1663, meurt en 1706.
• Claude du Bois marié en 1712, meurt en 1723.
• André du Bois, dit Marquis de Courceriers, marié en 1751, meurt en 1795, sans enfants.

Et on ne voit pas que la période révolutionnaire et terroriste soit la cause de l'extinction de la famille. On ne signale pas non plus que cette période ait amené des scenes de pillages au château.

Le riche succession d'André du Bois échut à des cousins très éloignés. La nation en confisqua une part, probablement le Plessis, le Bois Régnier, Deurian, le Châtelier et la Barre qui en avaient dépendu.

Courceriers, après des ventes successives est la propriété de la famille Violas.

Entre temps des aménagements de décor avaient été exécutés à l'intérieur du château. Les panneaux de bois recouvrirent les murs intérieurs de la dernière construction, à défaut de peintures et de tapisseries. On revêtit également de bois les marches de granit du grand escalier qui accédait à l’étang. Les goûts sont partagés au sujet de l’opportunité de ce dernier travail mais les partisans du granit apparent sont la grande majorité.


6. La Mort du Château de Courceriers

A la mort de Monsieur René Violas en 1959, ses enfants habitaient Paris et la château n'était pas partageable à l'égal des fermes. Il aurait pu s'aliéner pour devenir facilement, en raison de son importance et de celle de ses dépendances soit une colonie de vacances, soit un hospice, soit une école technique agricole, soit même un CEG. Mais il est toujours pénible de se déssaisir d'un patrimoine familial antique.

Par contre, pour le conserver, il fallait accepter d'en payer les impôts et l'entretien, de le conserver meublé et de payer des gardiens à demeure.

Pour éviter toutes ces charges, les propriétaires héritiers résolurent de ne conserver que la maison de garde restaurée et de raser le château. La démolition eut lieu en mars 1961. Des matériaux ont été bradés et le reste a été poussé avec le buldozer dans l'étang. Seule, subsiste la petite tour au clocheton Louis XIII, qui reliait les deux logis néo-grecs mais de construction distincte.

Les habitants de St Thomas ont déploré la disparition du château dont ils étaient fiers et il semble que les proprietaires qui ont usé de leur droit absolu en ordonnant la démolition ne prendraient pas aujourd’hui une telle décision.

Comme pour la faire oublier le parc de “Courceriers privé de son château” est devenu le cadre d’une kermesse célèbre qui a lieu chaque année le second dimanche de Juillet.

Ce cadre unique, l’organisation technique de la Kermesse elle-même, la réputation qu’elle a acquise, les foules qu’elle attire et le succès qu’elle remporte pourraient provoquer la convoitise d’une petit ville très désireuse d’en avoir autant.

En résumé, il subsiste de Courceriers :

1°/ De l'époque romaine : les digues artificielles, édifiées pour constituer des étangs au Sud, à l'Ouest, et peut-être même à l'Est. D'autres levées de terre pour constituer des points d'appui de défense.

2°/ De l'époque féodale : les remparts avec tours de défense. Le logis transformé en ruines et les ruines du donjon (tour ronde et tour carrée).

3°/ Du château XVIIème et XVIIIème siècles : la petite tour avec son clocheton Louis XIII, "Le portail" et la ferme à laquelle il a donné son nom.

Le tout reste très digne visite détaillée et approfondie.


Ch. L. Bosse
Curé de St Thomas

"Travail réalisé d'après les données du Dictionnaire historique et géographique de la Mayenne de l'Abbé Angot à St Thomas, le 1er Février 1967."

Reproduit à partir du texte original par Peter Marshall.